Outrevie-Afterlife | Décembre 2013
15856
post-template-default,single,single-post,postid-15856,single-format-standard,ajax_fade,page_not_loaded,,qode-child-theme-ver-1.0.0,qode-theme-ver-16.6,qode-theme-bridge,disabled_footer_bottom,wpb-js-composer js-comp-ver-5.4.7,vc_responsive

Décembre 2013

Vacances de Noël

Raymonde et MC partent pour l’Inde afin de revisiter les lieux environnant la résidence de Mumbai où Raymonde a séjourné en 2012 et 2013. Raymonde photographie les mêmes espaces et les mêmes sujets pour y chercher la persistance ou le changement.

De la fenêtre de l’appartement, MC regarde les oiseaux et la circulation, et de la terrasse sur le toit de l’immeuble, au crépuscule, elle filme la brise du soir. Elle écrit une lettre à son amie :

Salut Martine,

Cette ville est tellement intense. Je ne peux pas parler de l’Inde puisque c’est un immense pays et que ce n’est pas partout comme Mumbai, mais je suis ici sollicitée à bien des égards. Il y a la chaleur et la qualité de l’air qui me pèsent, mais je prends mon temps et je ne pousse pas trop fort ! Il y a le bruit, constant, jour et nuit, plus intense le jour, bien sûr. Étrangement, je m’y fais, je commence à trouver le bruit des klaxons très musical ! C’est quand je me trouve dans un endroit
plus calme que je suis frappée par le fait qu’on est presque toujours dans la cacophonie. Malgré tout, je dors sans bouchons depuis quelques nuits. Ce qui vient me chercher le plus, c’est le contexte social, le contraste entre les différentes couches de la société. C’est une iniquité millénaire, ça fait partie du tissu social et ça ne semble gêner personne. Nous vivons dans un quartier aisé, mais, tout près, il y a un village de pêcheurs, très modeste et vivant.

Émotivement, c’est difficile. Je ne suis pas mal. Je suis contente d’être ici, je ne veux pas être ailleurs, et c’est toujours bon de passer du temps avec Raymonde. Je suis juste à vif, j’ai le coeur tendre et je n’ai pas d’assises. Je ne comprends pas ce que je vois, ça tourne dans ma tête, mais ça ne trouve pas de sens. C’est très déboussolant.

On est descendues dans le sud de la ville aujourd’hui, dans la partie historique où il y a la Porte de l’Inde, un quartier très populeux, où les slums sont tout près des rues commerciales. C’est donc facile de circuler chez l’habitant, de suivre le fil des petites rues sinueuses qui mènent au coeur des villages. J’ai beau avoir vu ça en images, ça ne prépare pas à être là, parmi eux. Ils ne s’occupent pas de nous, ni accueillants ni hostiles. C’est beau et terrible en même temps. Ce sont des constructions ingénieuses et, en apparence, fragiles, comme des châteaux de cartes. C’est souvent très petit, alors tout le monde est dehors, il y a beaucoup d’activités qui se déroulent dans la rue. On sort le feu, le lit, le linge à sécher.

Je ne fais pas de photos, j’en suis incapable. Ce serait indécent. Je regarde, mais sans trop insister, je ne sais pas si je peux. C’est difficile parce que je voudrais bien pouvoir montrer ce que je vois, rapporter un peu de cette expérience extraordinaire, mais je n’y arrive pas.

J’aimerais que tu sois là pour te prendre contre moi, sentir tes bras autour de moi. Ça me ferait sans doute pleurer, je suis très fébrile, mais ce serait bon.